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Etape 1  |  Parfum méditerranéen

01 octobre 2009
Pin, fromage de chêvre, olives, air iodé, mer azur et routes en lacet, ces odeurs et ses paysages nous rappellent indéniablement un petit air de déjà vu, souvenirs sans doute de moments passés quelque part au bord de la Méditerranée. La comparaison olfactive et visuelle est ainsi immédiate à notre arrivée en Turquie. Tout au moins, en ce qui concerne une partie des côtes méditerranéennes et égéennes. Une douce entrée en matière avant de rejoindre cette fois les côtes européennes.

Aperçu
La Turquie, c'est plus de 779 000 km2 et 75 millions d'habitants. Ce n'est donc pas en quinze jours de traversée que l'on pourrait prétendre connaître le pays. A maintes reprises, nous entendons toutefois le même discours: Il y a deux Turquies. Une à l'ouest très occidentalisée. Une autre au centre et à l'est, plus orientalisée et plus conservatrice. L'infime partie que nous en avons vue (principalement la côte ouest) nous apparaît effectivement moderne même si les villages eux, semblent pauvres et possèdent un mode de vie archaïque. Une Turquie également ouverte mais aussi plus chère dans le coût de la vie que tous les pays traversés durant ces deux dernières années. Un litre d'essence à 1,80 €, une pite (pain local) à 1,50 €, une nuit de camping à 20€,... Notre budget voit rouge! On nous a même demandé à plusieurs reprises de payer en euros et non en YLT (lires turques)! "Ah là ce n'est pas possible. Mais il nous reste quelques dongs vietnamiens si cela intéresse quelqu'un!"...
Bienvenue en côte d'Azur version turque!
A côté, il y a aussi... les cafés où, autour d'une table, les hommes se disputent une partie de backgammon, un verre de thé à la main.



Les muezzins nous servent toujours de repère "pendule" cinq fois par jour. Les kebabs et kofte (viandes grillées) se vendent sur un bout de trottoir. Et surtout, nous ne sommes pas prêts d'oublier l'extraordinaire sourire, courtoisie, et hospitalité du peuple turc. Vraiment, c'est incroyable.
Outre les quelques visites effectuées lors de cette traversée du pays, c'est donc ce que nous retenons, pour le moment, de la Turquie.

Côte méditerranéenne
En à peine sept heures de route, passage de douanes compris, nous quittons la Syrie et arrivons à notre première étape turque: Silifke. Idyllique.



Dans une crique, entouré d'oliviers, de pins et de figuiers, nous garons Hachille et profitons du décor pendant plusieurs jours. Loin de la foule et de la vie citadine, balades, baignades et repos constituent le programme des journées. Un farniente que l'on ne cesse évidemment de savourer!



Nous reprenons la route, toujours sur la côte méditerranéenne, pour avancer petit à petit vers notre point d'arrivée: Cesme, notre port d'embarquement pour rejoindre Ancône... L'Europe! La date de notre bateau est depuis quelques semaines fixées, impossible de faire marche arrière ou de traîner. Espérons simplement que notre bon vieux Hachille ne renaclera pas devant les 800 kilomètres restant. Allez, "Tu peux le faire même si ta boîte de vitesses grince des dents et gronde!"
Nous prévoyons d'effectuer 300 km dans la journée. C'était sans compter les cols, pentes et lacets des premiers cents kilomètres. En fin de journée, après onze heures passés sur la route et 180 km effectués, nous décidons de marquer une pause. Et dire que nous souhaitions éviter la Cappodoce  et ses rudes côtes. Au final, nous sommes à mi-chemin de notre étape, c'est à dire à Alanya. Un air de Costa del sol se fait sentir. En témoignent les rangées d'immeubles et d'hôtels en bord de mer.  
Nous levons le camp rapidement le lendemain pour nous diriger cette fois vers Antalya.



On nous rassure sur les côtes à venir dans une station service. Nous allons pouvoir augmenter notre vitesse de pointe. Effectivement, nous arrivons à Antalya en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Hachille filant sur les routes droites et plates de la côte à une moyenne de 60 km/h.

Sur conseil d'amis voyageurs, nous garons Hachille dans le port. Le parking de notre bivouac possède pourtant une sacrée pente. Au vu des expériences passées, une fois arrivés en bas, nous remontons illico la pente pour tester la puissance de sieur Hachille. Sans problème. Peut-être le moteur encore chaud des 150 km a plus de facilité. Nous verrons bien au redémarrage les jours suivants. Pour l'heure, ciel bleu et mer azur forment le paysage.



En face, la chaîne de montagnes appelée Bey. Magnifique. Le port, construit par les romains, jouxte la vieille ville où se mélange architecture romaine et ottomane. Nous partons explorer les ruelles de la vieille ville, entourées de remparts.



Sur les hauteurs, devant un parterre de touristes ou locaux, nous regardons une fois de plus l'incontournable statue d'Atatürk (père des turcs), héros national qui permit à la Turquie d'obtenir son indépendance en 1923.



On sait les turcs très patriotes (bien plus que les suisses, amusant!). Les drapeaux fleurissent autant sur les maisons individuelles que sur les places et dans les moindres recoins. La piqûre de rappel est telle qu'elle défigure parfois les lieux. Même chose donc avec leur héros national qui, à cheval, debout sur une stèle, encadré, etc... symbolise la vraie dévotion du peuple. Vous êtes d'ailleurs considéré comme un traître si vous avez osé quitter le pays. Visiteurs ou déserteurs, ne l'oubliez pas!

Côte égéenne
Nous laissons enfin la côte méditérranéenne pour bifurquer lentement vers l'intérieur et rejoindre cette fois la côte égéenne.



Selcuk est, après 450 km, notre point d'arrivée. Ce village de 25 000 âmes est vraiment agréable.



Outre sa basilique romaine, sa mosquée, et son aqueduc, Selcuk compte plusieurs ruelles piétonnes qui, le jour de marché, se pare d'étals de couleurs sur des kilomètres.



Montagnes de fruits et légumes, fromagers, vendeurs d'olives et épices...



Nous nous demandons si le soir venu les étals se vident complètement. Il faut dire que lors de notre visite, nous sommes en fin de ramadan. On achète donc plus qu'à l'accoutumée.



Une fête, celle des douceurs, se célèbre pendant trois jours avec réceptions familiales, dégustations de pâtisseries et sirotage de thé à longueur de journée.



Il est peut-être normal que les étals débordent à ce point. Quelle ambiance! Il faut dire qu'après trente jours de jeûne, on imagine sans peine la joie du devoir accompli et le retour à une vie "normale".



De notre côte, nous craquons encore pour quelques gourmandises comme les olives ou le fromage frais. Là où nous rentrons, les senteurs méditerranéennes n'ont pas la même saveur.



Et on ne vient pas à Selcuk sans visiter, trois kilomètres plus au sud, l'un des sites antiques les mieux préservés du bassin méditérranéen: Ephèse.



Important centre religieux et marchand fondé par les grecs, les romains s'en emparèrent par la suite et en firent la capitale de leur province d'Asie. Ephèse mourut quand la mer se retira plus loin à partir du Ve siècle. Nous nous y promenons tard dans l'après-midi mais malgré l'horaire, les foules sont encore nombreuses.



Nous retenons surtout cette grande et impressionnante voie des Courètes, le temple d'Hadrien et sa tête de méduse, la bibliothèque (114 ap. JC) absolument fascinante par son architecture, ses sculptures et ce qu'elle abrita (jusqu'à 12000 rouleaux).



Mais Ephese ne serait pas sans ses maisons en terrasses. Plus de deux mille ans d'histoire ont passé, malgré les tremblements de terre, les guerres, les pillages, certaines maisons possèdent encore des fresques murales et des sols en mosaïques pratiquement intactes.



Le chantier de restauration n'est pas encore achevé mais il nous montre le travail titanesque de reconstitution et d'assemblage des pièces trouvées de-ci de-là. Tout simplement fascinant.



75 km plus au nord, se trouve la troisième ville la plus importante de Turquie: Izmir. Ville à nos yeux sans grand intérêt. Vous nous excuserez de ce jugement radical mais c'est ainsi! Quelques rares scènes de vie dans le souk ou dans le centre ville nous font nous arrêter, guère plus.



Nous sommes donc un peu déçus entre la lecture du passé d'Izmir et la réalité. Autrefois appelée Smyrne, elle connut ses heures de gloire au XVIe siècle avec Soliman le Magnifique. On raconte que négociants, diplomates, et marins s'y cotoyaient dans une ambiance cosmopolite et raffinée. La chute de l'empire ottoman (fin de la première guerre mondiale) a provoqué sa perte. Il ne reste effectivement pas grand chose aujourd'hui à voir et à faire.



Nous décidons de quitter notre campement de Selcuk pour rejoindre enfin le bord de mer et donc Cesme, notre ville d'embarquement pour Ancone. En chemin, nous faisons un détour par Sirince, classé "village authentique turque".



Malheureusement, Sirince offre tellement d'allées bardées d'échoppes de souvenirs qu'il est presque impossible d'apercevoir et de sentir l'authenticité turque. L'éternel débat du tourisme de masse se pose...



Nous grimpons sur les hauteurs du village, là on l'on peut croiser une dame en train de faire son pain, un autre assis sur son banc nous adressant des "bonjours" chaleureux, ou encore apercevoir ces vieilles maisons traditionnelles de pierre et de bois, basses et plates pour se protéger de la chaleur.



Enfin Cesme. Sympathique ville portuaire, située en face de Chios, une île grecque.
Nous rencontrons Michel et Marie-Christine, en voyage avec leur voilier depuis trois mois, qui nous propose de nous garer dans la marina.



Un bivouac agréable au milieux des bateaux, merci!
A Cesme, le touriste étranger se fait rare. En cette période de vacances (fin du ramadan), on y croise une population essentiellement turque.



Outre l'ambiance de fin d'été, Cesme abrite de beaux monuments comme la forteresse génoise, construite pour se défendre des pirates. La cité présente également une magnifique église orthodoxe du XIXe siècle; même désaffectée, elle a gardé ses lettres de noblesse.



Sans oublier quelques maisons anciennes et le port, propice aux déambulations et à la dégustation de glace turque, de vrais chewing-ums!



Désireux de s'échapper encore un peu, nous faisons une dernière escapade, à Alacati, à une dizaine de kilomètres de Cesme. C'est dit-on, l'actuelle mecque des véliplanchistes.



Un kilomètre avant notre arrivée, des dizaines de voiles surfant sur les vagues de la petite baie forment le plus gros du décor. Tout autour, pas de quoi s'attarder.



Nos envies de bivouac s'envolent, nous repartons passer notre dernière nuit au port de Cesme.

Le bateau en partance pour l'Italie nous attend. Nous laissons derrière nous la Turquie.



Pendant trois jours, sans escale, nous traversons les îles grecques, puis remontons doucement sur la mer adriatique pour arriver à Ancone.



Les images de ces deux années de voyage défilent dans nos têtes. Nous retrouvons l'Europe. Le nomadisme prend fin ou presque... 1500 km de routes asphaltées se présentent à nous avec au bout le retour à une vie sédentaire... Mais ceci est bien sûr une toute autre histoire...