16 janvier 2008
L’air patagon n’a pas seulement l’avantage d’être pur
et frais! Il refroidit aussi parfois ceux qui le respirent. Nous avons ainsi
accusé un léger “refroidissement” dans notre périple. Il y a des
jours, dans le voyage, où le corps et l’esprit s’immobilisent pour
mieux repartir de bon pied! Nous sommes d’ailleurs en pleine lancée pour
retrouver doucement la chaleur du nord de l’Argentine… enfin, ce
n’est bien sûr pas encore pour demain! Hachille n’a pas
l’intention de mettre le turbo!
Chaud bouillant!
Nous vous avions laissé sur une note interrogative: “Hachille ne
veut pas démarrer, que se passe-t-il?”. Eh bien “Monsieur”
n’apprécie toujours pas l’essence de moyenne qualité et de temps
en
temps aussi le froid patagon. Du coup, il a fallu faire appel au
mécanicien
du
coin pour un décrassage complet du carburateur à l’air
comprimé et
un
changement des bougies.

Heureux des hasards, nous avons rencontré Miguel, amoureux des vieilles
mécaniques. Trop content de nous dépanner et pour cause! Il possède par
exemple
dans son garage une Dauphine Gordigni des années ’60 ou bien
encore,
caché sous un monticule d’objets, le catalogue des pièces
détachées de la
marque au chevron.

Voyez-vous ça! Sitôt vu, sitôt fait. Merci Miguel. Hachille a redémarré
quelques heures plus tard pour le plus grand bonheur de ses propriétaires mais
aussi de ses voisins campeurs qui s’inquiétaient également.
Mais il y en a une autre qui n’a pas démarré non plus cette semaine là!
Un matin, impossible pour Géraldine de sortir du lit. La grippe a sévi! Là
aussi, sitôt sentie, sitôt soignée. Des heures à dormir et même à ronfler! Il
a
fallu attendre tout de même plus que quelques heures avant de pouvoir
repartir!...
Ultime visite
Nous avons repris notre dernière exploration de la Terre de Feu en
empruntant sur environ deux cents kilomètres la piste baptisée "A".
Celle-ci
amène au Cabo San Pablo. Nous découvrons à marée
basse le spectacle
(un peu
lugubre à notre goût toutefois!) d’une
énorme
épave échouée dans
les
années ’50.

Un gouvernail cassé et un trou béant sur le côté gauche de la poupe sont les
marques du naufrage. Le navire devait acheminer du ciment; des restes de sacs
en sont la preuve. Ils n’ont malheureusement pas servi à colmater le
trou!...

A quelques pas de l’épave, un sentier mène à une cabane où Pedro et sa
famille passent l’été à pêcher le hareng et le saumon rose. La rencontre
est bien sûr plus vivante. Pedro nous raconte ses presque vingt années de
pêche
lucrative dans cet endroit tranquille.

Avec sa femme, ils revendent le fruit de leur pêche aux personnes qui se
baladent à San Pablo ou bien l’emmènent dans leur petit commerce à
Ushuaïa où les restaurateurs s’en délectent aussitôt. Aujourd’hui
Pedro est équipé d’un quad pour tirer ses filets à marée basse. La vie à
la fois moderne et reculée de tout lui va très bien et c’est tant mieux
dirons-nous!

Estancia Rolito
En remontant la piste “A”, une estancia attire notre
attention. Il y règne en effet une grande effervescence. Les moutons,
habituellement éparpillés un peu partout sur les terres, sont parqués dans le
même enclos.

Des hommes font des allers-retours entre l’enclos et un hangar. Nous
devinons que la tonte des moutons va commencer. En Terre de Feu, c’est
d’ailleurs la période. Nous voulions justement découvrir ce
travail.

Nous rencontrons ainsi Anna et son père, Ernesto, qui acceptent de nous
recevoir sur leur domaine construit en 1927. Plus d’infos en
images…

L’estancia n’est tout de même pas très grande. Anna nous apprend
qu’il y a un souci majeur dans la région. Chaque année, ils perdent cinq
cents moutons dont cent en raison du climat et le reste en raison des chiens
errants. Le chiffre est énorme. Mais l’achat d’un mouton est
moindre (soixante pesos environ) et les naissances comblent le manque à
gagner.
De plus, la production de vaches à viande (au nombre de trois cents)
vient
compléter les revenus.

Vestige
Le chapitre de la Terre de Feu est désormais clos. Il y a quelques jours,
nous avons en effet pris le ferry pour retrouver les routes de la terre
chilienne. En longeant la côte, nous nous sommes arrêtés devant une autre
estancia, l’Estancia San Gregorio.

Abandonnée aujourd’hui, la plupart des bâtiments, malgré le temps passé,
sont restés en bon état. L’atmosphère y est très singulière. Sur la
structure principale, une date, celle de sa construction: 1876.

Nous apprenons que, six ans plus tard, le magnat du mouton, José Ménendez, en
a
acquis la concession. A la fin du XIXème siècle, celui-ci possédait
d’ailleurs 90 000 hectares de terre patagonne et plus de 140 000 ovins.
Nous passons un petit moment à observer les restes de ce passé qui respire
encore le parfum d’une grande activité commerciale. L’un des
bâtiments abrite aussi des peaux et des carcasses.

Rien n’indique un quelconque commerce. Combien d’estancias comme
celle-ci sont aujourd’hui vides de toute activité? La réponse nous est
inconnue mais notre esprit vagabonde dans ce passé patagon où tant de gens
sont
venus chercher un eldorado, construire une nouvelle vie, à une époque
pas
si
lointaine pourtant!
Sur la plage toute proche git une carcasse de bateau rouillée. Après 50 ans de
bons et loyaux services, la compagnie maritime qui l’exploitait a
simplement décidé de l’échouer devant la porte de son propriétaire...
monsieur Ménendez en personne!

Si le voyage oscille entre passé et présent parfois, nous sommes,
rassurez-vous, toujours aussi bien ancrés dans la réalité! Après onze heures
de
route représentant environ 600 kilomètres, Hachille nous a ramenés au
camping
Josma II de Puerto Natales pour faire le plein de provisions avant
une
marche
prévue au parc national Torres del Paine…En avant les
jambes!
Enfin ça
c’est encore une autre aventure…et c’est
surtout
une autre
histoire…