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Syrie

Etape 4  |  Sur la route de la soie

08 septembre 2009
Le rythme est soutenu. Hachille est aujourd’hui en Syrie, proche de la frontière turque. Trois mille kilomètres nous séparent à présent de notre chez nous français. Mais pour l’heure, nous sommes encore nomades ! Entre « marche sur l’eau », visites de ruines et déambulations diverses dans l’immense et extraordinaire bazar de vie qu’est Damas, nous humons et savourons à satiété ces instants de voyage, ces jours passés à respirer ce que nous appelons « le parfum de la liberté ».

Ça flotte
Un dernier regard dans le rétroviseur d’Hachille pour embrasser Petra et ses beautés et nous gagnons les vallées de l’intérieur. Notre moyenne ne dépasse pas les 30 km/h. Que de pentes pour notre pauvre camion !



Yann peste un peu sur l’itinéraire choisi. A chaque rétrogradage, la boîte de vitesse craque de plus en plus. La casser en Jordanie n’est franchement pas notre souhait le plus cher. Sans compter les bruits des cardans. L’éternelle question de savoir si Hachille tiendra jusqu’à notre retour en France est dans nos têtes durant le trajet. Comme on l’entend très souvent sur ces terres arabes : « Inch’Allah !»
Le tracé nous conduit jusqu’au bord de la mer Morte. Vingt kilomètres avant notre arrivée, nous amorçons de rudes descentes, faisant chauffer les freins plus que de raison. Entre deux virages, malgré une vue spectaculaire sur les vallées, nous restons concentrer sur la conduite et sur notre GPS. Celui-ci semble avoir un souci. A 0 mètre, l’altimètre continue de descendre… - 100m, - 200m, -300m,... jusqu’à -400m. Problème d’étalonnage ? Que nenni ! Nous arrivons à la mer Morte, le point le plus bas de la planète.



Nous l’avions oublié. Pour nous, cette nouvelle avancée est un nouveau petit succès. Nous garons Hachille sur le parking de la plage publique, seul endroit autorisé visiblement pour stationner. Nous comptons profiter de baignades dans la mer Morte et dormir sur place.



Malheureusement, la Jordanie, destination touristique à la mode, semble apprécier un peu trop le porte-monnaie des étrangers. L’accès aux plages publiques coûte par exemple, par personne, la somme modique de douze euros. Est-ce qu’on nous offre le thé en prime ? « L’espoir fait vivre, nous serons centenaires ! »… L’expérience est cependant inoubliable. Nous passons plus de deux heures dans l’eau.



Le taux de sel habituel dans une mer est de 3 à 4%. Ici, il dépasse les 30%. Autant dire que nous découvrons « la salaison ». En prime, un soleil brûlant. Nous faisons donc attention à ne pas nous transformer en viande séchée. Nous nous amusons tout d’abord à laisser nos corps flotter. Quelle sensation de bien-être et quelle détente.



Puis nous essayons de marcher dans l’eau. Impossible de toucher le fond, très drôle ! Yann s’interroge alors sur la possible marche de Jésus sur l’eau ?... Il faut dire qu’il était bien présent dans la région. Les traces de son baptème par St Jean le Baptiste sont à moins de trois kilomètres, c’est à dire à Bethany.
Enfin, au final, passées certaines interrogations, nous retenons les rires et étonnements de cette journée au bord de la mer Morte. Mais aussi les démangeaisons dues à un excès de sel et les gamelles évitées. Ouf, nos yeux sont saufs !



La séance de balnéothérapie dure ainsi une partie de l’après-midi, avec une alternance de bains de mer et de boue, douches, et prélassement dans les piscines.



Le soir venu, bien après le coucher du soleil, un gardien vient nous trouver pour réclamer le paiement du parking, au départ public. « Vous payez ou vous partez ». La somme de quatorze euros nous est demandée. Celle-ci passe à vingt euros en présence du manager. « Mais ils sont fous ces jordaniens ! » Le parking n’est pas un camping, il n’y a même aucune facilité. Après deux heures d’âpres négociations, nous pouvons rester. Hachille fait semble-t-il figure de pauvre. Nous sommes dispensés de payer. Quelle générosité, merci !


Le Jourdain
Du nom de la rivière dont la région s’abreuve depuis des temps immémoriaux, la vallée du Jourdain, à l’ouest, est la seule plaine fertile du pays. C’est sur ces terres que poussent les oliviers, arbres fruitiers, et quelques légumes.



Sur une centaine de kilomètres, en face d’Israël et la bande de Gaza, nous apercevons enfin quelques hectares de verdure. Notre objectif est de rejoindre Oum Quaïs, à l’origine Gadara, cité antique perchée sur les plateaux transjordaniens. Un des sites archéologiques majeurs de Jordanie.



Sur la route, les contrôles se succédent. Nos passeports sont vérifiés tous les trois cents mètres. Les militaires sont d’une amabilité toute relative. Nous touchons le cœur d’une région très sensible. La vue sur les plateaux est cependant magnifique.
Quant à la cité, elle a bien sûr une grande histoire mais ne nous a pas guère émue. Fondée par les ptolémés, elle fut ensuite prise par les séleucides, puis par les romains, et enfin les musulmans.



Détruite par des tremblements de terre au cours des siècles passés, au XIXe siècle, au milieu des ruines romaines, Oum Quaïs est de nouveau habitée, et ce par les ottomans.



En 1986, les 1500 habitants, en contrepartie de rémunérations, acceptent de quitter le village pour permettre aux archéologues de mettre à jour les fondations. Nous visitons rapidement le site.



Ce jour- là, Oum Quaïs est sous les nuages. La vue sur les vallées et le lac de Tibériade est réduite. Les colonnes romaines se fondent dans le décor de pierre.



Les ruines du village ottoman abandonné apportent une touche de noirceur au paysage. Oum Quaïs est à notre goût un fantôme. Nous quittons les lieux pour nous rapprocher de la frontière syrienne.



Irbid est notre dernier point de chute en Jordanie. Jusqu’à une heure avancée de la nuit, beaucoup s’amuseront à taper sur Hachille. Est-ce cette dernière anecdote qui nous laisse un sentiment mitigé sur notre passage en Jordanie ? Outre les excursions hors de prix, le « tout payant », l’aridité des terres, le tourisme de masse a sans nul doute fait perdre à ce pays un peu de son authenticité et de son hospitalité.


Bienvenue en Syrie
Bien avant notre arrivée à la frontière jordano-syrienne, nous avons écouté et lu les commentaires de voyageurs qui nous ont précédés. En résumé, il va nous falloir patienter des heures pour obtenir notre visa et notre autorisation de rouler en Syrie. Nous sommes parés ! Seulement voilà, privilégiés, miraculés ou chanceux ?... L’opération s’effectue pour nous en moins de deux heures avec beaucoup de sourires de chaque côté. Nous apprécions l’accueil syrien. Il en sera ainsi tout le long de notre traversée. Il est à peine 10H00 et nous filons sur la route en direction de Damas. 110 km plus tard, nous arrivons au milieu d’une circulation démentielle. Hachille commence à chauffer et nous à stresser. Que de voitures auto-tamponneuses! Après de multiples tours et détours pour trouver notre lieu de campement, notre point GPS nous même sur un chantier, sensé être Le camping de Damas ! Quelle déception. Nous qui rêvions d’un coin tranquille… Nous nous voyons vivre notre séjour damacéen dans le bruit et la fureur d’une ruelle. Au bout d’une vingtaine de minutes, face à notre désarroi, les syriens se mobilisent. L’un d’entre eux prend sa mobylette et nous montre le chemin du nouvel emplacement du camping. Du bonheur. Le propriétaire nous explique son expulsion il y a tout juste six semaines pour cause de construction de rond-point. Il doit de nouveau tout organiser. En attendant, durant une semaine, au milieu d’un verger, nous passons nos journées entre détente et visite de la capitale.



Autant dire que dans ce contexte, nous pouvons pleinement apprécier Damas, ses trésors et sa population des plus aimables à notre égard.
Damas. Une cité dont l’histoire remonte à plus de trois mille ans. Egyptiens, perses, grecs, romains, turques, et bien d’autres civilisations ont marqué à jamais l’identité de la cité. Bien avant la naissance du Christ jusqu’au Moyen-Age, Damas, tout comme Aleppe, Bagdad ou Samarkande, fut l’un des plus importants points de passage sur la route de la soie. Celle-là même reliant l’Europe au Moyen-Orient, jusqu’ à la Chine. Une route véhiculant les marchandises mais aussi les connaissances, les idées, les religions.



Des journées entières, nous nous sommes plongés au cœur de la vieille ville. Entourée de remparts, de portes, et protégée à l’origine par une citadelle vieille de deux mille ans, la plupart des fondations de cette dernière datent du XIIIe siècle.



Impossible de la visiter, sa restauration est en cours. Nous poursuivons notre chemin en découvrant la vie colorée et animée de la ville. A l’intérieur des murs se côtoient artisans de tout bord.



Le tanneur a trouvé son petit client du jour : Dans un bric à brac indescriptible, celui-ci réussit à dénicher un bout de cuir pour réparer la ceinture de Yann.



Ramadan oblige, les cafés et restaurants de rue sont fermés. Mais les boulangeries fonctionnent à plein régime.



La foule se presse pour acheter brioches et pain pour les festivités du soir. Idem pour les marchands de fruits, légumes, dattes et piments. Ici les commerces de la grande distribution n’ont donc pas encore envahi les places.



Sur les trottoirs, il est possible d’acheter tout type d’objets. Et c’est là que nous découvrons quel commerce entretient notre cher président Nicolas avec la Syrie… Les mixeurs dernier cri !



Là où Alain Delon envahit les étals asiatiques avec ses cigarettes, Nicolas Sarkozy innonde les marchés avec les robots mixeurs. Chacun ses armes !
Le souk a quant à lui garder son âme d’origine. Rénové en 2002, il se découpe en fonction des corporations.



Notre préferée : celle des délices gourmets comme en témoigne notre vidéo. La faute sans nul doute à nos origines… françaises !



Damas, a contrario de sa voisine Aleppe, n’est pas encore classée par l’Unesco. Un jour, peut-être… Au cœur de la vieille ville, dans des petites ruelles, se cachent des trésors d’architecture dont il faut savoir pousser la porte pour les découvrir.



Certains sont abandonnés, d’autres en cours de restauration, d’autres parfaitement rénovés ou entretenus.



Exemple avec  les maisons damacéennes (« beit ») datant du XVIIe ou XVIIIe siècles.



Notre coup de cœur : Celle d’une riche famille de marchands de textile aujourd’hui tenue par l’institut danois.



Autre exemple : les « khans », ces fameux caravansérails au cœur du souk dont la cour centrale explose de mille détails architecturaux quand on lève les yeux.


 
Arches, dômes, portes de bois, la structure est impressionnante.
Sans oublier l’extraordinaire palais Azem, la résidence privée du gouverneur de Damas, turque à l’époque, As’as Pasha al-Azem.



Habitée de 1752 jusqu’au début du XXe siècle, le palais, d’une superficie de 5000 m2, fut vendu aux français et devint le département d’archéologie et d’art islamique.



Une architecture divine pour assurer une totale harmonie dans les préceptes islamiques que sont la spiritualité, la sérénité, l’harmonie, et la sécurité familiale.



Divisée en multiples cours pour les serviteurs, les affaires, et la famille, on se promène au milieu des jardins, fontaines, pièces avec délectation. Du grand art !
Enfin Damas ne serait pas sans sa mosquée Omayyade, un autre grand chef d’œuvre, l’un des plus importants du monde islamique.



Son histoire remonte à plus de 3000 ans. Difficile de tout vous conter mais pour faire court, la grande mosquée est le reflet des religions qui s’y sont succédées.


 
Malgré les invasions, les tremblements de terre, les feux, il en reste aujourd’hui des traces visibles.



Comme le dôme actuel, ancienne basilique du temps de l’empereur romain Constantin (quand celui-ci embrassa la religion chrétienne).



Mausolée, crypte, murs d’enceinte, grenier aux trésors, colonnes romaines et autres merveilles se mélangent étonnamment aux salles de prières, minarets, fontaines aux ablutions, ou encore mosaïques.



Nous pourrions décrire Damas plus longuement tellement la ville est riche en découvertes et en rencontres.



Au risque de paraître trop longs, nous refermons simplement cette page avec une évocation sur les quartiers juifs et chrétiens, à l’origine délimités par des portes.



Nous nous sommes perdus à maintes reprises dans le dédal des ruelles dont les charmes sont tout autre mais aussi appréciables.



Outre son architecture, ces quartiers vivants ont su, pour l’anecdote, abreuver nos gorges et assouvir nos faims.



Un exercice toujours aussi délicat en cette période de ramadan !

Nous voilà de nouveau sur la route où d’autres marques du temps nous attendent lors de nos prochaines étapes syriennes.
Entre norias et savons, la roue tourne. Mais c’est bien sûr une autre histoire ...